Aujourd’hui, c’est avec grand plaisir que nous continuons notre partenariat avec l’Institut Iliade avec notre publication d’un vendredi sur deux.

Cette semaine, nous découvrons un article qui nous pousse à nous questionner sur le véritable rôle anthropologique de la politique chez l’Homme.

Nous vous laissons donc découvrir cet article ci-dessous et nous vous invitons à encourager et soutenir l‘Institut Iliade. Vous pouvez retrouver le lien d’origine de cet article tout en bas de page.

L’ouvrage d’Henri Levavasseur, L’identité, socle de la cité, rencontre dès sa sortie un succès considérable, preuve de l’acuité de son analyse. L’auteur en propose ici un résumé pour que le plus grand nombre dispose de cette « cartouche » essentielle aux combats politiques et métapolitiques du moment, et de l’avenir.

Le constat s’impose : la cohésion des nations européennes est aujourd’hui fracturée par l’immigration de masse. Le lien entre identité civique et identité ethnoculturelle, entre communauté civique (le grec polis) et communauté ethnique (le grec ethnos), est rompu. La réponse donnée par les instances politiques du moment est celle de l’adhésion à des « valeurs » communes. Ces « valeurs » sont présentées comme universelles, ce qui revient à nier la spécificité de l’identité ethnique et culturelle des peuples européens.

Divorce entre identité civique et identité ethnique : une rupture civilisationnelle

En France, ce discours idéologique subversif, hérité de la Révolution, s’appuie notamment sur une lecture biaisée d’un texte célèbre de Renan : la conférence « Qu’est-ce qu’une nation ». Il importe donc de redonner à ce texte sa véritable signification. Renan, loin de nier l’importance de l’identité ethnique et culturelle dans la définition de la nation, considère que l’existence de cette dernière est fondée sur un « principe spirituel ». Renan définit ce principe comme la conscience d’un passé commun, alliée à la volonté de poursuivre cet héritage. C’est tout l’inverse de la réécriture culpabilisante de l’histoire à laquelle certains procèdent aujourd’hui.

Dans son ouvrage Les deux patries, l’historien Jean de Viguerie dresse un constat terrible : la « patrie idéologique », héritée de la Révolution, a détruit la patrie réelle, c’est-à-dire la « terre des pères ». Si l’on peut partager ce constat, les conclusions qu’en tire Viguerie ne sont pas suffisantes : nous ne pouvons pas nous contenter de nous réfugier dans la pratique des vertus chrétiennes, en attendant simplement qu’une nouvelle réalité politique émerge, avec l’espoir qu’elle permette de faire renaître notre civilisation. Il faut œuvrer activement à une « nouvelle renaissance européenne » à travers une véritable « révolution conservatrice ». Celle-ci se fonde sur le retour à une conception réaliste de la nature humaine.

Retour à une anthropologie réaliste : pour en finir avec les chimères libérales-libertaires

Il convient de s’appuyer sur deux principes, l’un énoncé par le philosophe Aristote, l’autre par l’anthropologue Arnold Gehlen. Selon Aristote, « l’homme est un animal politique ». Cela signifie que la vie de la cité (polis) joue un rôle essentiel dans la définition de notre identité : nous ne sommes pas des citoyens du monde, mais des membres d’une cité. Selon Arnold Gehlen, « l’homme est un être de culture par nature ». Cela signifie que l’identité de l’homme ne se construit pas à partir de valeurs universelles, mais à partir de l’appartenance à des cultures spécifiques. C’est donc l’existence de cultures différentes qui rend possible l’appartenance à l’espèce humaine.

Ce principe s’oppose au libéralisme philosophique de certains penseurs des lumières. L’homme n’est pas un être abstrait, doté de droits universels, qui souscrit un contrat avec la société pour protéger ses intérêts particuliers. L’homme est d’abord membre d’une communauté historique, linguistique et culturelle. C’est sur ce socle qu’il construit son identité, tout en s’affirmant comme membre d’une communauté politique, la Cité.

Cette conception traditionnelle s’oppose à la conception universaliste de l’homme et de la nation mise en avant par la révolution française. L’idéologie libérale-libertaire aboutit finalement à une véritable dénaturation de l’existence humaine, comme le prouvent les attaques contemporaines contre toute forme d’identité héritée : identité sexuelle, identité familiale, identité nationale, identité civilisationnelle. Or, l’identité se fonde sur un double héritage, héréditaire et culturel.

Éthique et identité ethnique sont indissociables

L’identité n’est pas un héritage figé, mais la réalisation d’un potentiel. Encore faut-il connaître cet héritage et l’accepter, pour pouvoir le faire fructifier et le transmettre à son tour. C’est la formule du poète Pindare : « Deviens ce que tu es, quand tu l’auras appris ».

Qui sommes-nous, peuples européens ? Nous sommes les porteurs d’un double héritage biologique et culturel, qui s’est constitué sur un espace géographique spécifique (l’Europe), et qui se manifeste à travers une manière spécifique de voir le monde et de se tenir dans le monde.

C’est ce que les Grecs nomment ethos, l’éthique. Les mots grecs ethos and ethnos sont d’ailleurs étymologiquement apparentés. L’ethos européen s’enracine dans le lointain passé indo-européen, véritable creuset commun d’où sont issues les cultures des peuples d’Europe.

Former l’avant-garde d’une renaissance européenne

Les peuples d’Europe doivent retrouver la mémoire, non pour se réfugier dans le passé, mais pour accomplir leur destin : pour « devenir ce qu’ils sont ». L’universalisme libéral est malheureusement devenu la référence de l’Occident moderne. Il faut par conséquent se débarrasser des chimères idéologiques occidentales, pour redevenir de véritables Européens, conscient de leur identité spécifique.

Ce réveil individuel et collectif passe par la constitution d’une « avant-garde ». Le rôle de cette jeune élite, consciente des enjeux à venir, est d’organiser une véritable « réforme intellectuelle et morale », comme le voulait Renan, en s’appuyant d’abord sur toutes les structures locales permettant de faire renaître une conception commune de notre identité.

Pour réveiller les consciences et les énergies, il importe d’incarner et d’affirmer au quotidien dans la Cité notre ethos civilisationnel européen.

Il ne s’agit pas de se réfugier dans une fuite hors du politique, mais bien, in fine, de reprendre en main les instruments de notre puissance.

Henri Levavasseur

Henri Levavasseur, L’identité, socle de la cité. Réconcilier ethnos et polis, collection «Cartouches» de l’Institut Iliade, La Nouvelle Librairie, Paris, 2021, 7 €.

Retrouvez l’article sur le site de l’Institut Iliade.