Le conservatisme, une notion au cœur de TCE

Très vaste sujet que le conservatisme, qui a fait couler tant d’encre depuis des siècles et qui même aujourd’hui encore, reste incompris par beaucoup. Et pourtant, s’il y a bien un concept, qui devrait être au centre des préoccupations de tout individu, c’est bien le conservatisme.

En effet, comprendre le conservatisme est fondamental pour toute personne qui souhaite vivre à la fois une vie qui a du sens mais également lui permettre de s’améliorer lui-même ainsi que son environnement. Comme vous avez pu le remarquer, cette philosophie est au centre de notre plateforme, nous définissant nous-même comme les “Conservateurs Enthousiastes”.

Mais avant de vous laisser découvrir pourquoi nous avons décidé de nous définir ainsi, nous avons toujours à l’esprit le souci de notre mission première, qui est de former et d’informer notre communauté, toujours dans une dynamique de nivellement par le haut. C’est pourquoi, conscients que tout le monde ne part pas du même stade et que certains sont plus avancés que d’autres, nous souhaitons repartir d’une base saine.

Donc si vous êtes déjà familier avec la notion du conservatisme, ça ne fait jamais de mal de revoir ses basiques et nous vous invitons donc à revisiter cette notion ensemble. Si en revanche vous découvrez totalement ce concept, il est très important pour comprendre tous nos contenus futurs, alors lisez attentivement la suite car cet article pourrait changer littéralement votre vision sur le monde.

Les fondements du conservatisme

Commençons par le commencement. Le conservatisme est apparu depuis toujours dans la politique et les sociétés et on ne retrouve pas réellement de trace de ses débuts, car c’est un état d’esprit plus qu’autre chose qui survient naturellement et à chaque fois dans les comportements humains. Mettre le doigt sur son réel commencement est donc difficile, cependant, on peut dire que le conservatisme en tant que philosophie politique, a réellement émergé au cours du 18ème siècle.

Particulièrement suite aux événements de la Révolution Américaine et de la Révolution Française. Ce sont ces événements majeurs, qui ont totalement changé la face des sociétés occidentales et bouillonnantes de changements, qui ont naturellement fait ressortir des mécanismes conservateurs chez les individus, souhaitant s’opposer à certains progressismes frénétiques et incontrôlés durant ces révolutions.

Ces périodes ressemblent d’ailleurs beaucoup sur certains points à nos périodes actuelles, comme l’explique très bien Julien Rochedy dans sa vidéo où il compare avec beaucoup de justesse nos deux époques.

C’est une des raisons pour laquelle il est très important de comprendre cette notion aujourd’hui, qui était également dans tous les esprits de l’époque et qui peuvent nous en dire long sur les problématiques similaires que nous rencontrons dans notre société actuelle.

L’un des premiers conservateurs de l’Histoire, parfois considéré par certains comme le premier conservateur, est Edmund Burke. Né en Irlande, puis devenu Anglais, il a participé grandement à la Révolution Américaine dans un premier temps pour s’opposer totalement à la Révolution Française par la suite, ce qui en dit également long sur la nature de ces deux révolutions, qui sont souvent considérées comme similaires en apparence, alors qu’elles ont des natures en réalité bien différentes.

Edmund Burke
Edmund Burke, considéré comme le premier conservateur

Edmund Burke définissait lui-même le conservatisme ainsi : il argumentait que la tradition est une base plus solide que les choses purement abstraites (comme la « Raison »). La tradition se forme avec la sagesse de plusieurs générations et les aléas du temps, alors que la « Raison » peut n’être que le masque des préférences d’un seul homme, et qu’elle représente au mieux la sagesse non testée d’une génération. Toute valeur ou institution existante qui est passée au travers de l’influence correctrice des expériences passées doit être respectée.

Cette profonde humilité face aux générations passées et cette confiance en l’épreuve du temps est typique du conservatisme. Elle sous entend la confiance en le fait que plusieurs générations permettent à l’humain de tirer des leçons et de s’améliorer continuellement, ce qui progressivement, forme un héritage qu’il faut s’approprier pour mieux affronter l’avenir.

Si on se penche sur la politique, le conservatisme est traditionnellement classé par certains à droite et pourtant c’est une aberration car ce concept est sans frontière politique. C’est un concept qui va bien au delà d’un clivage droite-gauche ou même d’un régime ou gouvernement. C’est un état d’esprit que quiconque peut adopter sur n’importe quel sujet.

L’érudit R. J. White nous l’explique très bien quand il déclara :

« Mettre le conservatisme en bouteille et l’étiqueter est comme essayer de liquéfier l’atmosphère… La difficulté vient de la nature de la chose. Le conservatisme est moins une doctrine politique qu’une habitude de l’esprit, une manière de ressentir, un mode de vie. »

R.J. White

Un mode de vie, c’est donc la juste tournure pour définir pleinement le conservatisme selon nous. En effet, cette manière de voir les choses est tellement naturelle par essence, qu’elle a été incarnée bien souvent au fil des siècles à travers de multiples personnes, de tous horizons. Simone Veil en est un exemple parfait. Dans son livre L’enracinement, elle nous explique très simplement :

” L’enracinement est peut-être le besoin le plus important et le plus méconnu de l’âme humaine. C’est un des plus difficiles à définir. Un être humain a une racine par sa participation réelle, active et naturelle à l’existence d’une collectivité qui conserve vivants certains trésors du passé et certains pressentiments d’avenir. Participation naturelle, c’est-à-dire amenée automatiquement par le lieu, la naissance, la profession, l’entourage. Chaque être humain a besoin d’avoir de multiples racines. Il a besoin de recevoir la presque totalité de sa vie morale, intellectuelle, spirituelle, par l’intermédiaire des milieux dont il fait naturellement partie. “

Simone Veil

Mais au fond, le conservatisme, qu’est-ce que c’est ?

Lorsqu’on essaye de poser des valeurs sur cette notion, quelques unes ressortent très souvent. En général on peut définir le conservatisme comme le mixe entre :

  • Le respect des traditions et comprendre qu’elles ne sont pas là par hasard
  • L’humilité de se dire que les générations précédentes ont tiré des leçons des erreurs passées et que respecter l’héritage qu’ils nous lèguent, c’est d’une certaine manière accepter de pouvoir gagner du temps dans l’apprentissage de l’humain vers le progrès
  • Partir toujours d’une position de prudence pour ce qui est nouveau et ne l’accepter ou pas, qu’après une longue analyse
  • Comprendre que l’ont fait partie d’un tout et s’approprier son passé pour mieux appréhender son avenir

Comprendre le conservatisme

Au final, si l’on devait trouver deux synonymes les plus proches possible au conservatisme, ça serait l’humilité et surtout la prudence.

Lorsqu’on y réfléchit, dans notre vie de tous les jours, la prudence est souvent la posture qu’on adopte naturellement face à un environnement ou une personne qu’on ne connaît pas, car la prudence est toujours notre alliée. Pourquoi en serait-ce autrement avec le conservatisme ?

Pour prendre un exemple très simple, si je me balade en forêt et que je vois une plante que je ne connais pas, une position conservatrice serait de dire, “si je ne la connais pas, je ne la mange pas. Et ce n’est qu’une fois que j’aurai étudié et compris cette plante, que je saurai si je dois la manger ou pas.”

Et c’est au fil de l’expérience, que nous-même et les générations futures accumulons un savoir, un savoir-faire et un savoir-être, tout comme l’ont fait les générations précédentes.

Partir toujours d’un postulat conservateur par prudence, c’est également adopter le concept que parfois, si une chose est là sans que nous sachions pourquoi, c’est certainement que nos ancêtres ont pensé que c’était judicieux de la mettre là et qu’il y a vraisemblablement une raison logique à cela. Et de ce postulat, peut commencer la réflexion, les recherches et l’analyse, qui permettront peut-être de comprendre, toujours avec vigilance, si au final cette chose n’a plus d’utilité à notre époque ou de comprendre qu’elle permet de maintenir un équilibre complexe qui garantit le bon fonctionnement de la société.

Les opposants au conservatisme

Ceux qu’on appelle dans notre politique contemporaine les “progressistes” sont en réalité lorsqu’on analyse leurs actions et comportements, des “régressistes”. Tels des enfants, qui ne tirent jamais les leçons du passé et les erreurs des générations précédentes qui nous permettent d’obtenir de la sagesse aujourd’hui, ils agissent par pure fascination aveugle de tout ce qui est nouveau, sans se soucier des conséquences ou des changements à long terme de leurs actions.

Ce qui a d’ailleurs bien souvent provoqué des drames économiques, sociaux et environnementaux.

Les conservateurs sont au final les véritables progressistes au sens premier du terme, car ils ne sont pas contre le progrès, ils sont seulement conscients qu’il faut trier ce qui est nouveau et que ce n’est pas parce que quelque chose est nouveau que c’est forcément bien. Un conservateur n’est pas contre le progrès, il est contre la précipitation sans prudence vers le progrès.

Le conservatisme n’est pas à confondre avec l’immobilisme. Dans notre société qui accélère toujours à une vitesse effrénée, partir d’un postulat conservateur peut parfois mener à être accusé d’avoir une position “réfractaire”. Signe que la société va mal, lorsque quelqu’un qui n’accepte pas une nouveauté après l’avoir analysé et s’être rendu compte que cette nouveauté est mauvaise, est considéré comme “anti-progrès.” Ce qui en dit long sur la pression que nous met la société actuelle pour nous faire accepter tout et n’importe quoi à tout prix. Pourtant, c’est bien dans les sociétés conservatrices qu’ont eu lieu les plus grandes introspections qui ont elles-mêmes permisent les plus grands changements, comme par exemple la Renaissance.

D’ailleurs considérant notre contexte actuel, certains grands auteurs pensent urgent de renouer avec un état d’esprit conservateur, comme l’écrit par exemple Roger Scruton dans son livre “De l’urgence d’être conservateur” que nous vous recommandons fortement.

Roger Scruton, auteur du livre “De l’urgence d’être conservateur”

La famille des conservateurs

Durant les derniers siècles qui se sont écoulés, beaucoup de grandes personnalités, qui étaient des conservateurs et conservatrices, ont joué un grand rôle dans l’Histoire. Faire partie de cette grande famille de conservateurs, c’est faire partie d’un héritage et c’est s’inscrire dans une lignée qui œuvre pour le bien commun.

On retrouve souvent les conservateurs à l’initiative de grands changements et de grandes réformes. Pour ne citer que quelques exemples :

Dans l’hexagone, nombreux sont les conservateurs à avoir participé à l’Histoire de France, on trouve par exemple Charles de Gaulle, symbole pour beaucoup de la résistance qui, a adopté à de très nombreuses reprises dans sa vie la position conservatrice.

De l’autre coté de la Manche, au Royaume-Uni, pas de plus fier exemple que Winston Churchill, qui fut membre la quasi-totalité de sa vie du Parti Conservateur. Winston Churchill fut le premier homme d’état à alerter des dangers du nazisme et à lutter contre le régime du Parti national-socialiste Allemand.

Winston Churchill, Premier Ministre du Royaume-Uni et leader du Parti Conservateur

Si on remonte encore plus loin dans le temps, outre-Atlantique, aux États-Unis, le président Abraham Lincoln est également le parfait exemple d’un conservateur accompli, premier président Républicain (parti conservateur américain) connu principalement pour s’être battu quasiment toute sa vie pour abolir l’esclavage.

Si on remonte encore plus loin, dans les conservateurs aux origines de grands changements, il y a bien évidemment Adam Smith, considéré comme le père de l’économie moderne.

Et la liste est encore longue, tellement le conservatisme a pu s’incarner à différentes époques, dans différents pays et différentes cultures.

S’approprier l’état d’esprit conservateur

Si vous nous suivez toujours jusque là, les fondamentaux sont acquis. Mais maintenant vous vous posez peut être ce genre de questions : ” Maintenant que j’ai compris ce qu’est le conservatisme, à quoi ça me sert ? Et comment je peux m’approprier le conservatisme dans la vie de tous les jours ou dans mes projets ?

Et vous avez bien raison ! Nous ne nous appelons pas The Conservative Enthusiast par hasard, et nous allons vous démontrer quel réel gain, un état d’esprit conservateur peut vous apporter.

  1. Ton sens critique tu développeras

À force d’adopter une posture conservatrice sur tout ce qui vous entoure, deux phénomènes vont naturellement apparaître. Premièrement vous développerez votre sens critique, c’est-à-dire votre capacité à voir entre les lignes et à penser par vous-même, car l’état d’esprit conservateur est un formidable formateur en terme de rigueur intellectuelle. Ce qui nous amène au deuxième phénomène.

2. Plus cultivé tu deviendras

À force de rester prudent sur les choses de votre environnement et développer votre sens critique, vous allez avoir tendance à chercher la source des choses, à vouloir vérifier avant de prendre une décision, pourquoi les choses sont comme elles sont. Cette méthodologie qui se développe naturellement chez toute personne qui commence à adopter un point de vue conservateur, va indirectement vous permettre de vous tourner de plus en plus vers des connaissances diverses et variés qui vont sur le long terme vous rendre beaucoup plus cultivé.

3. Plus heureux tu seras

Fait connu de longue date et confirmé par beaucoup d’études et d’universités à travers le monde, les individus conservateurs ont tendance à vivre plus heureux. Cet élément pourrait paraître au premier abord un peu exagéré ou manipulé alors qu’en réalité il est assez logique quand on y réfléchit. Le fait d’adopter une attitude conservatrice amène les individus en général à mieux s’harmoniser avec leurs racines, leurs passés, leurs héritages, leurs familles, leurs métiers, leurs entourages ainsi que leurs avenirs et amène en général beaucoup moins de frustration, beaucoup plus de sérénité et donne également beaucoup plus de sens à leur vie.

Cet “effet secondaire” a été longuement étudié par certaines universités depuis des décennies, comme notamment récemment avec une étude en 2018 réalisée aux États-Unis, par l’université de Californie du Sud et l’université d’Utah, qui ont menés cette étude dans 16 pays, qui montre que les conservateurs à travers le monde sont plus épanouis et trouvent plus de sens à leur existence.

Différentes études ont également abouti à des résultats similaires au début des années 1980, ainsi que dans des recherches menées en 2007 et une récolte statistique entre 2010 et 2017, qui montraient que les conservateurs ressentaient un plus grand épanouissement dans leurs vies et un “vrai sens à ce qu’ils font”.

Finalement, si nous devions conclure sur cette vaste notion qu’est le conservatisme, je pense qu’il serait judicieux de souligner encore une fois le fait que ce n’est ni une idéologie, ni lié à un quelconque intérêt politique mais que c’est véritablement une manière d’aborder la vie, une vision du monde.

Comme le dit d’ailleurs si bien l’écrivain et explorateur Français Sylvain Tesson :

” Moi, je suis pour une écologie totale, radicale et cohérente : si on décide vraiment de préserver la nature il faut aussi être conservateur dans tous les autres champs de l’existence. Préserver non seulement les anémones, mais aussi les cultures, les langues, les arts, les comportements, et aussi la singularité des peuples. La prise de conscience écologique aura permis l’acte d’un souhait de ralentissement et de conservatisme. Il reste pour le moment circonscrit au champ de l’environnement. »

Sylvain Tesson

Pour aller plus loin…

Comme vous le savez peut être, la devise officielle de TCE est : “ Faisons vivre le bon, le juste, le beau.

Cette devise est particulièrement lourde de sens, car elle est profondément conservatrice. S’inscrivant dans la même ligne de pensée que les premiers conservateurs comme Edmund Burke, qui lui-même écrit en son temps l’un de ses ouvrages majeurs : Recherche Philosophique de nos idées du Sublime et du Beau.

Pour aller plus loin dans votre démarche et approfondir vos connaissances sur le conservatisme, nous vous invitons à poursuivre via nos liens et recommandations de lectures.

N’hésitez pas à nous partager vos retours, sur les réseaux sociaux, en commentaires et posez nous également vos questions. Nous y répondrons avec grand plaisir et sachez que vous pouvez à tout moment participer à la vie de la communauté en utilisant le hashtag #TCE

Sources & liens utiles :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Conservatisme

https://thefederalist.com/2019/11/04/research-finds-conservatives-are-more-happy-generous-and-purposeful-than-liberals/

https://www.theatlantic.com/science/archive/2018/07/why-conservatives-find-life-more-meaningful-than-liberals/566105/

http://www.librairiefrancaise.fr/fr/divers-autres/6316-le-dictionnaire-du-conservatisme-frederic-rouvillois-olivier-dard-christophe-boutin-9782204123587.html

https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S009265661100170X

http://www.librairiefrancaise.fr/fr/essais-doctrines-idees-principes/6681-de-l-urgence-d-etre-conservateur-roger-scruton-9782810007103.html?search_query=de+l%27urgence+d%27etre+conservateur&results=1