si Adam et Eve étaient projetés avec force et fracas à notre époque, ils seraient considérés comme des hors-la-loi pour exhibitionnisme et pour non port du masque…

L’histoire qui est en train de se dérouler devant nos yeux n’est autre que la vieille fable de la grenouille et de l’eau bouillante.
Mais oui vous la connaissez aussi, l’histoire de cette petite grenouille que l’on met dans une bassine d’eau que l’on chauffe peu à peu, et qui finit par mourir ébouillantée faute d’avoir su s’extirper du bain bouillant parce qu’elle s’était habituée à ce qui la détruisait à petit feu. Il aurait suffi qu’elle soit projetée dans cette eau à moitié chauffée pour qu’elle s’en échappe à toute allure.
Nous sommes la grenouille. Et pour une raison très, trop, humaine il nous est plus confortable de nous adapter à une dégradation, même critique, de notre environnement plutôt que de lutter pour en créer un nouveau, même meilleur.
Cette histoire de la grenouille et de l’eau bouillante, c’est la stratégie préférée de nos dirigeants qui ont très bien intégré toute la puissance politique que contenait cette petite fable.
Ils l’associent à la stratégie du double discours. Comme par exemple, après le premier confinement : une partie du gouvernement nous assurait qu’il n’y aurait aucun reconfinement, tandis que les autres membres de ce même gouvernement par média interposé laissaient entendre que le reconfinement n’était pas impossible. Résultat, aujourd’hui, le troisième reconfinement n’est plus une hypothèse mais une certitude… C’est une vieille stratégie utilisée par les multinationales, proposer deux produits concurrents qui mènent à la même source. Vous êtes gagnants à tous les coups.

Pire, le cas du masque est tout à fait représentatif : d’abord considéré comme inutile et même interdit à la vente, il devient ensuite conseillé pour ceux qui le souhaitent, puis obligatoire dans les lieux fermés, puis dans les artères principales des centres villes pour finalement être imposé partout, tout le temps, par les mêmes qui juraient de son inefficacité voire de son caractère nuisible. Aujourd’hui, ceux qui refusent de se soumettre sont sanctionnés.
La réalité de 2021 c’est que si Adam et Eve étaient projetés avec force et fracas à notre époque, ils seraient considérés comme des hors-la-loi pour exhibitionnisme et pour non port du masque…

Et sans même remonter à la mythologie, revenons en 2019. Si un quidam vous avez annoncé prophétiquement que 2020 signifiait la mort de votre liberté, que le port du masque serait généralisé, que la population mondiale serait tombée dans une paranoïa digne d’un livre de science-fiction en craignant de se toucher, que vous seriez assigné à résidence en devant justifier de vos sorties, que le couvre-feu serait banalisé, que l’économie serait sacrifiée, l’auriez-vous cru ? N’aurait-il pas dit la moitié de son discours que nous l’aurions tous traité d’affreux complotiste. Moi le premier. Et s’il avait réussi à nous convaincre malgré tout, nous nous serions dit « mais MOI je n’accepterais pas ça » et pourtant nous y voilà….
L’histoire de la grenouille et de l’eau bouillante est une stratégie redoutable, bien plus que n’importe quelle stratégie de choc. Ce totalitarisme mou est l’ennemi le plus redoutable qui soit, ne vous y trompez pas, il n’a de mollesse que son apparence, son principe actif est tout ce qu’il y a de plus féroce. Il a en plus trouvé dans la forme du virus l’ennemi idéal. Il est invisible, omniscient, il peut muter. Bref, un ennemi invincible qui permet de justifier toutes les actions en son nom.

Quelles que soient les obédiences politiques, nous sommes presque tous d’accord pour dire que ce gouvernement agit comme un capitaine qui a perdu la barre au milieu d’une tempête. Je pense pourtant que c’est un mauvais calcul, pour nous, de présupposer de l’incompétence gouvernementale (même si cela s’avérait exact). Car en concluant à l’incompétence, on se laisse prendre au jeu de dupe. Comme je le disais, je crois au contraire à la mise en application d’un plan très clair du double discours. Et pour s’en convaincre, il ne faut pas écouter les discours mais voir la mise en place méthodique du piège qui se referme sur nos libertés. Liberté de déplacement. Liberté de travailler. Liberté de vivre. Liberté de soin. Toutes ont été balayées d’un revers de main.
Avec en plus de cela un changement sémantique du discours politique par l’infantilisation. Ils ont pris le pouvoir sur nos vies en nous considérant comme des enfants. Un jour nous sommes punis, l’autre nous sommes félicités pour nos bons comportements, ce qui ne les empêchent pas d’ailleurs d’appliquer leurs mesures restrictives. C’est insupportable. Je refuse et nous devons tous refuser collectivement d’être considérés comme des enfants. Théoriquement en démocratie, un politique est élu pour servir le peuple, pas le dominer.

Cette stratégie du double discours et des annonces progressives, tactique favorite de notre président, à un double intérêt. Le premier, bien sûr, vous le connaissez : il s’agit de nous préparer mentalement à nous faire avaler des mesures que l’on réprouve. On évoque l’hypothèse d’un reconfinement des semaines avant, et puis on met en place un couvre-feu sensé empêcher le confinement, alors que son utilité n’a d’autre objectif que d’habituer les populations à la perte progressive de leur pouvoir.
Mais là n’est pas le rouage le plus puissant de la stratégie du double discours et de la grenouille, en réalité, il y a un effet bien plus pernicieux.
La myopie que ce gouvernement nous impose face à ces mesures fait le jeu de la rumeur, comme nous sommes noyés sous des informations contraires, nous nous retrouvons dans une situation bien singulière où nous devons supposer du plan à venir, un peu comme des oracles. Nous devons par la rumeur sonder l’avenir de notre propre condition. Nous essayons de deviner ce qui se prépare dans l’ombre de l’Élysée et, pendant que nous nous faisons des hypothèses théoriques, l’ogre avance ses pions.
Nous devenons des spectateurs de notre propre pays, de notre propre destin. La scène de notre vie nous est subtilisée et nous voilà repoussés dans les gradins où l’on nous demande le silence en laissant les comédiens dérouler le script devant nos yeux.
Pire, quand nos prédictions s’avèrent justes et que nous devinons avec brio l’arrivée du reconfinement, notre ego est flatté, nous avions prévu la chose, et cela nous rend encore plus amorphe, car la colère d’être empêché est atténuée par la satisfaction d’avoir prévu les choses.

Ce qui a fait monter les gilets jaunes sur Paris en 2018-2019, c’est la réaction épidermique d’une mesure injuste, c’est la goutte d’eau qui faisait déborder le vase. La raison politique (l’augmentation du prix de l’essence) importait moins que la colère collective face à ces mesures.
Le gouvernement a bien retenu la leçon, et sous des airs de cacophonie permanente, déroule en vérité une stratégie du chaos maîtrisé, en multipliant les sons de cloches contraires et nous devenons paralysés collectivement car l’objet sur lequel déployer notre colère est protéiforme et impalpable.
Et, en définitive, nous nous retrouvons tels des parieurs de chevaux, à miser entre nous sur l’avenir de notre propre condition. Nous voyons nos commerces, nos entreprises, notre avenir s’effondrer minutieusement par l’eau bouillante d’un virus qui n’attaque qu’après 18h, déteste le métro mais agresse dans les restaurants, déteste les supermarchés mais attaque dans les rues isolées. Ce virus est une sorte de loup garou qui se nourrit de la nuit et s’apaise à l’aube. Quelle farce.
Cette situation rappelle celle des soviétiques d’avant l’effondrement du communisme d’État. Les russes discutaient en tout lucidité de la situation dans les cuisines, à l’abri des regards, par peur d’être dénoncé. Personne n’était dupe de l’absurdité des mesures mais tout le monde jouait le jeu en pensant que l’autre croyait au mensonge.
Ce qui m’attriste, c’est qu’il se joue en ce moment une conquête féroce sur nos acquis fondamentaux. Chaque fois que nous faisons une concession sur nos droits au prétexte de notre sécurité, c’est un bastion de perdu. Quand un droit est perdu il nécessitera le double d’effort pour le récupérer. Alors prenons conscience que notre léthargie creuse notre tombe. Nous sommes le nombre, nous avons le pouvoir.

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