Le monde des assurances, des vaccins, de l’hygiène minutieuse, du prolongement de la moyenne de vie représente-t-il un gain réel ?

ERNST jÜNGER, lE TRAITé DU REBELLE

Y a-t-il véritablement d’autres questions qui méritent d’être posées en ce début d’année 2021 ? Le prolongement des restrictions des libertés semble sans fin et devient petit à petit une routine à laquelle même les esprits les plus rebelles s’accoutument. La quantité contre la qualité. Prolonger la vie à n’importe quel prix. Ce sont bien là les signes du temps…

Dans ma première Chronique des libertés sacrifiées datée du 28 novembre, j’évoquais déjà les perspectives engendrées par l’émergence de différents projets, notamment privés, visant la mise en place de système de passeports sanitaires. Début janvier 2021, les pays européens ont tous lancé avec plus ou moins de célérité leurs campagnes de vaccination et espèrent tous convaincre une part suffisante de leur population de la nécessité de cette injection.

Actuellement, la quasi-totalité des pays européens demandent aux voyageurs de produire à leur arrivée un test PCR négatif. Il est donc tout à fait logique et vraisemblable que les personnes vaccinées – qui devraient être immunisées face au virus – pourront à l’avenir être exemptées d’une telle légitimation. Récemment, une nouvelle initiative soutenue par le World Economic Forum et le Commons Project Foundation (lié à la Rockefeller Foundation) entend faciliter le contrôle sanitaire des passagers en mettant en place une plateforme numérique. Il s’agit du Common Trust Network (CTN), une application qui donnera aux passagers un accès numérique à leurs informations de santé et leur permettra de montrer patte blanche lors du passage des frontières.

Mais ce n’est pas tout, ne croyez pas que cette contrainte se limitera aux voyages internationaux. Les milieux économiques se documentent et se positionnent déjà sur la possibilité d’exiger un certificat de vaccination pour accéder à un festival, une manifestation, un restaurant ou même tout simplement pour travailler dans certaines entreprises ! Cela vous paraît inacceptable ? Un avis de droit demandé par le Conseil fédéral suisse (pouvoir exécutif) affirme que c’est tout à fait possible en vertu du principe de l’autonomie privée (chacun est libre de décider avec qui il veut conclure un contrat)[1].

Si ce principe est en soit louable, qu’en sera-t-il si seul les festivals réservés aux vaccinés seront autorisés par nos pharaons ? Que restera-t-il alors de la liberté de commerce et d’industrie pour les festivaliers ? Une discrimination qui serait bienveillante et justifiée, tandis que d’autres discriminations sont interdites arbitrairement selon la morale de notre temps.

Bien sûr ces considérations feront sans doute l’objet de débats intenses car un tel système ouvre la porte à tous les excès. Si un passeport sanitaire est exigé pour assister un concert, va-t-on autoriser l’accès aux personnes portant une autre maladie contagieuse ? Si une entreprise peut exiger de ses employés de se faire vacciner contre le covid-19, pourquoi ne pas l’exiger pour la grippe qui induit des pertes importantes pour les entreprises (absentéisme) ?

Avec un passeport de vaccination, les assureurs pourraient également avoir facilement accès aux données et risque d’adapter leur offre en fonction de cela… Les données sanitaires qui seront de plus en plus utilisées pourrait provoquer la mise à ban progressive des personnes en mauvaises santé, inemployables, trop risquées… Mais pas de panique ! Le revenu universel pourra pourvoir à leur besoin « essentiels »…

Lentement mais sûrement, les peuples européens perdent le contrôle sur leur destin, sur leur vie. L’Etat décide, l’Etat pourvoie, l’Etat protège. Ce rouleau compresseur semble inarrêtable. Pour une partie de la jeunesse européenne déboussolée et sans perspective, le revenu universel est leur meilleure perspective d’avenir. Après-tout les confinements ont habitué une partie de la population au confort de l’assistance étatique par le biais du chômage technique. On les entend en ce moment même dans les médias pleurnicher pour un troisième confinement salutaire tandis qu’en face les entrepreneurs ne souhaitent qu’une chose : pouvoir travailler !

On remarque également les lycéens qui se plaignent dans les médias des “protections sanitaires insuffisantes” et qui réclament évidemment un nouveau confinement. Bien sûr n’importe quel observateur de moins de 30 ans n’est pas dupe quant à l’appétit des lycéens pour tout type d’activité leur permettant de s’affranchir de tout labeur (manifestations, blocages, confinements…)

Au-delà de ces cas particuliers, nous vivons avant tout une époque dominée par la peur. La peur paralyse l’action, elle est le premier ennemi de l’individu libre. Chacun dans notre coin, nous attendons qu’une voix s’élève. Que quelqu’un dise enfin « Stop ! Nous ne voulons plus nous brider pour prolonger la vie sans but. Nous sommes prêts à payer le prix de la liberté ! ». C’est à nous de poser nos limites, d’imposer nos lignes rouges. De distinguer ce qui est acceptable ou non. Pour cela, l’homme libre doit se donner les moyens moraux et matériels d’agir et de résister…

Les moyens d’actions actuels sont limités : tous les partis sont paralysés par cette peur et se soumettent à la domination de la médecine sur la politique. Il reste toutefois à chacun une marge de manœuvre. Parlez autour de vous, envisagez d’autres moyen de porter une voix dissidente, organisez-vous en communauté et en réseau pour multiplier votre capacité d’action. Ce qui se passe actuellement est un processus qui tend vers la nucléarisation de la société et le renforcement progressif du Léviathan. Le combat que nous devons mener est de longue haleine et est avant tout culturel : privilégier la qualité à la quantité. La liberté face à la sécurité.

Pour aller plus loin sur ce sujet je vous invite à découvrir mon article sur le Traité du Rebelle d’Ernst Jünger disponible dans l’Espace Membre The Conservative Enthusiast. On y aborde notamment les façons dont nous pouvons résister et recourir aux forêts...


[1] https://www.tdg.ch/bars-et-restos-pourraient-priver-dacces-les-non-vaccines-287306108897